La Sainte Vierge Marie parle à sa fille sainte Brigitte, lui donnant assurance des choses susdits, des périls proches et éminents de la ruine de l'Eglise, et en quelle manière, comme nous le voyons maintenant en plusieurs, les économes de l'Eglise (hélas ! quel malheur !) sont adonnés à la vie lubrique, à la cupidité, à prodigaliser les liens de l'Eglise par orgueil. De l'ire de Dieu provoquée contre telle sorte d'économes.
Chapitre 10

La Mère de Dieu dit : Ne craignez pas en croyant que ce que vous verrez maintenant soit de l'esprit du diable, car comme par l'approche du soleil, deux choses arrivent, la lumière et la chaleur, à ceux qui ne suivent pas les lumières et la chaleur, à ceux qui ne suivent pas les lumières palpables, de même, par la venue du Saint-Esprit, viennent deux choses en votre cœur, savoir : la parfaite lumière de la sainte foi et l'ardeur de l'amour divin. Or, vous ressentez maintenant ces deux choses. Le diable aussi, qui est comparé aux nuits palpable, ne suit pas ces choses. Envoyez donc à lui le nonce que je vous ai nommé. Or, bien que je sache son cœur et sa réponse, et la prompte et proche fin de sa vie, néanmoins, vous lui devez envoyer les paroles suivantes.

Je le fais enfin certain qu'à la droite de la sainte Eglise, le fondement est tellement ruiné, que le sommet de la voûte a de grandes ruptures, menaçant de ruine totale grandement dangereuse, de sorte que plusieurs de ceux qui y viennent y perdront la vie. Plusieurs colonnes, qui devraient être debout, se courbent maintenant jusqu'à terre ; le pavé est tellement fossoyé et défait, que les pauvres aveugles, en y entrant, tombent avec péril de leur vie ; les clairvoyants mêmes y choppent lourdement ; et pour cela, l'Eglise de Dieu est en un grand danger, et n'a rien de si proche qu'une ruine totale. Certainement, je vous dis que si on ne la rétablit, la ruine en sera si grande qu'on la saura par toute la chrétienté.

Or, je suis cette Vierge en laquelle Jésus-Christ a daigné descendre sans aucune volupté charnelle. Et le même Fils de Dieu est sorti de mon sein, qui est demeuré clos avec grande consolation et sans peine. J'ai demeuré auprès de la croix, quand il surmontait l'enfer avec une patience invincible et victorieuse, et ouvrait le ciel par le sang de son cœur. J'étais aussi sur la montagne, quand le Fils de Dieu, qui est aussi mon Fils, monta au ciel. J'ai connu aussi très clairement tout la foi catholique, qu'il avait enseignée en évangélisant tous ceux qui voulaient entrer dans le ciel. Partant, moi qui suis la même, j'assiste maintenant par-dessus le monde en continuelle oraison, comme sur les nuées l'arc du ciel, qui semble s'incliner vers la terre et la toucher de ses deux bouts. Par l'arc-en-ciel, j'entends moi-même, moi qui, par ma prière, m'incline et m'abaisse aux habitants de la terre, tant bons que mauvais.

Je m'incline aux bons, afin qu'ils soient fermes et constants dans les choses que la sainte Eglise leur commande, et aux mauvais, afin qu'ils n'avancent pas en leur malice et qu'ils ne deviennent pires. Je vous fais donc connaître celui que je vous ai nommé, que, d'une partie de la terre, s'élèveront des nuées horribles contre la clarté et l'éclat de l'arc. Par ces nuées, j'entends ceux-là qui mènent une vie lubrique, et sont insatiables d'argent comme un gouffre et un abîme de mer. Emus de superbe, ils donnent aussi les biens raisonnablement et prodigalement, comme un impétueux torrent verse de l'eau.

Plusieurs, maintenant, économes de l'Eglise, exercent ces trois choses, et leurs horribles péchés montent jusqu'au ciel, en présence de la Divinité, contre ma prière, comme les nuées cruelles contre l'éclat de cet arc. De même aussi, ceux qui devraient apaiser avec moi l'ire de Dieu, la provoquent et l'attirent sur eux, et de tels économes ne devraient pas êtres exaltés dans l'Eglise. Quiconque donc voudra prendre soin que le fondement de l'Eglise soit stable, et que la vigne sainte et bienheureuse que Dieu a plantée par son soin, soit renouvelée et rétablie, s'il s'humilie, se jugeant insuffisant et incapable, moi, Reine du ciel, je viendrai à lui pour le secourir avec tous les anges, extirpant les racines fausses, arrachant les arbres infructueux et les mettant au feu, et entant en leur lieu des greffes fructueux et plantureux. Par la vigne, j'entends l'Eglise de Dieu, en laquelle on doit renouveler l'humilité et l'amour divin.

ADDITION
Ce qui suit est une addition au chapitre.
(Le Fils de Dieu parle des nonces du pape) : Vous êtes venus en la société des grands, et vous montez encore à des choses plus grandes. Partant , celui qui travaille mérite grandement que son humilité soit exaltée, puisque la superbe était trop montée. Sera aussi accueilli avec grand honneur celui qui a une grande charité envers les âmes, car l'ambition et la simonie règnent maintenant en plusieurs. Heureux aussi sera celui que s'efforce tant qu'il peut que les vices soient extirpés du monde, car les vices prévalent et règnent plus qu'il ne faut et plus qu'ils n'avaient accoutumé. Il est aussi très utile de faire et de demander pénitence, car dans les jours de plusieurs qui vivent maintenant, le soleil sera divisé, les étoiles seront confondues ; là la sapience sera assottie et affolée ; les humbles cacheront leur feu en terre, les audacieux prévaudront. C'est sagesse d'entendre et d'interpréter ceci à ceux qui savent égaler ce qui est raboteux et prévoir ce qui est à venir.
(cette précédente révélation fut faite au cardinal d'Albane, qui était alors prieur.)