Notre-Seigneur dit à son épouse qu'elle ne craigne point d'enfreindre l'abstinence par le commandement du Père spirituel, car lors il n'est pas péché. Il l'avertit aussi d'être constante et de résister généreusement et continuellement aux tentations, et d'avoir une ferme volonté de persévérer dans les bons exemples de la Sainte Vierge Marie, de David et d'Abraham.
Chapitre 106

Le Fils de Dieu dit à Sainte Brigitte : Que craignez-vous, car quand vous mangeriez quatre fois le jour, vous ne pêcherez jamais, si vous le faites avec le commandement de celui à qui vous devez obéir ? Demeurez donc constante. Vous devez être comme le soldat qui a reçu à la guerre diverses blessures : il rend la pareille à ses ennemis, et il se rend d'autant plus échauffé au combat que plus ses ennemis le poursuivent : de même vous devez frapper contre vos ennemis avec plus de ferveur, et être plus constante et plus généreuse, et vous devez avoir une volonté raisonnable de persévérer dans le bien.

Or, vous refrappez lors le démon infernal, quand vous ne consentez point aux tentations, mais résistez généreusement, comme par exemple, opposant l'humilité à la superbe, la sobriété à la gourmandise. Or, lors vous êtes constante, lorsque accablée de tentations furieuses, vous ne murmurez point contre Dieu, mais vous souffrez le tout avec joie, imputant et attribuant le tout à vos péchés, rendant grâces à Dieu des peines que vous souffrez. Lors votre volonté est raisonnable, quand vous ne désirez point de récompenses, mais ma volonté, vous abandonnant entièrement en mes mains.

Or, Lucifer n'a point eu le premier bien, qui est de résister, d'autant qu'il consentit soudain à sa pensée, c'est pourquoi il tomba irréparablement, car comme il n'eut aucun qui le portât au mal, aussi il n'aura jamais aucun réparateur.
Judas n'eut aussi le second bien, mais se désespérant, il se pendit. Pilate n'eut pas aussi le troisième bien, attendu qu'il eut une volonté plus ferme pour apaiser les Juifs, et à conserver son honneur qu' à me délivrer de leurs mains.

Or , ma Mère a eu le premier bien, qui est de résister aux ennemis, elle qui a oppose autant de contraires qu'elle eu d'attaques. David a eu le second bien, qui fut patient en son adversité, et ne se désespéra point en sa chute.
Abraham eut le troisième bien, savoir, une volonté parfaite, lui qui, ayant quitte son pays voulait encore immoler son fils.
Imitez donc ceux-ci selon vos forces.