Pour le jour de la fête de la Nativité de la Sainte Vierge.
O douce Marie ! beauté toute nouvelle , beauté toute resplendissante , venez à
mon aide , afin que ma laideur et ma difformité soient ôtées , et que la charité
s’allume en moi , car votre beauté donne trois choses à la tête :
1° elle purifie la mémoire , afin que les paroles de Dieu entrent doucement et
avec goût ;
2° afin que ce qu’on a ouï soit retenu avec délectation ;
3° afin qu’on le communique au prochain avec amour.
Votre beauté donne aussi au cœur trois choses : 1° elle ôte le faix de la
paresse et de la lâcheté , si on considère votre charité et votre humilité ; 2°
elle donne des larmes aux yeux , si on contemple votre pureté et votre patience
; 3° elle donne aux cœur , pour l’éternité , la ferveur de douceur si
sincèrement qu’on pense à votre beauté . Vous êtes vraiment Dame , beauté très
précieuse , beauté très désirable , car vous vous êtes donnée pour secours aux
infirmes , en soulas aux affligés , et à tous en médiatrice.
Tous ceux donc qui oiront que vous naîtrez ou que vous êtes née , peuvent bien
dire : Venez , ô beauté très éclatante , et ôtez notre opprobre ! Venez , ô
beauté très douce , et adoucissez notre aigreur ! Venez , ô beauté très
puissante , et affranchissez notre captivité ! Venez , ô beauté très honnête ,
et effacez notre laideur ! Bénie et vénérable soit une telle beauté , que tous
les patriarches désiraient voir , de laquelle tous les prophètes ont chanté les
louanges , et de laquelle tous les élus se réjouissent!
La Mère de Dieu répondit : béni soyez-vous , mon Dieu ! Ma Beauté vous a fait
dire ces paroles . Partant , je vous dis que la beauté très ancienne , éternelle
et très éclatante , qui m’a faite et créée , vous confortera . La beauté très
ancienne et nouvelle , renouvelant toutes choses , qui a été en moi et qui est
sortie de moi , vous enseignera des merveilles . La beauté très désirée ,
réjouissant toutes choses , enflammera votre âme de son amour . Partant ,
confiez-vous en Dieu , car quand la beauté céleste apparaîtra , toute la beauté
terrestre sera confondue et sera réputée comme fiente.
Après , le fils de Dieu dit à sa Mère : O Mère bénie , vous êtes semblable à
l’orfèvre qui prépare un bel ouvrage . Tous ceux qui verront cet ouvrage s’en
réjouiront , et alors , ils offriront leurs pierres précieuses , ou bien de
l’or pour parfaire cet ouvrage.
De même vous , ma Mère bien-aimée , vous donnez secours à tous ceux qui s’efforcent de venir à Dieu et ne laissez aucun vide de
vos consolations . Partant , vous pouvez être très bien appelée le sang de mon
cœur , car comme , par le sang , tous les membres du corps sont vivifiés ,
confortés et corroborés , de même , par vous , tous ressuscitent du péché et se
rendent fructueux pour Dieu.
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