La Saint Vierge Marie parle de l’épouse à son Fils . Réponse de Jésus-Christ à sa Mère . Après suivent les paroles de la Mère , qui sont désignées par le lion et par l’agneau . Comme Dieu permet que plusieurs choses arrivent aux hommes , qui n’arriveraient point , si ce n’était à raison de leur impatience et ingratitude.
Chapitre 39

La Mère de Dieu parle à son fils , disant : Notre fille est comme un agneau qui met sa tête en la gueule du lion . Il vaut mieux , dit Jésus-Christ , que l’agneau mette sa tête en la gueule du lion , et qu’il soit avec le lion une même chair et un même sang , que non pas si l’agneau suce le sang du lion, d’où arriverait que le lion s’indignerait et s’affaiblirait , attendu que sa pâture n’est pas le sang, mais le foin . Néanmoins , ô ma Mère très-chère ! d’autant que vous avez porté en votre ventre toute la sapience et la plénitude de la prudence , faites entendre à celle-ci qu’est-ce que le lion et qu’est-ce que l’agneau.

La Mère répondit : Béni soyez-vous , mon Fils , qui , demeurant éternellement avec le Père , êtes descendu à moi , et néanmoins vous ne vous êtes jamais séparé de mon Père ! vous êtes ce lion de la tribu de Juda ; vous êtes cet agneau sans souillure que saint Jean a montré avec le doigt . Celui-là met la tête en la bouche du lion , qui résigne sa volonté en Dieu , et ne voudrait faire la sienne , bien qu’il pût , si ce n’est qu’il sut que cela vous plût.

Or , suce le sang du lion celui qui s’impatiente de vos dispositions et ordonnances , et s’efforce de contrevenir à ce que vous lui avez commandé , et voudrais plutôt changer d’état , s’il pouvait , que vous être agréable , bien que cela lui fût expédient . Dieu ne s’apaise pas de telles choses , mais elles provoquent son ire et son indignation , car comme la pâture de l’agneau est le foin , de même l’homme devrait se contenter de choses basses et humbles . C’est pourquoi Dieu permet beaucoup de choses qui n’arriveraient point contre le salut des hommes , s’ils n’étaient ingrats , colères et impatients . Partant , ô ma fille ! donnez votre volonté à Dieu ; et que si quelquefois vous êtes moins patiente qu’il ne faut , levez-vous soudain par la pénitence , car la pénitence est comme une bonne lavandière qui ôte les souillures , et la contrition est comme celle qui blanchit parfaitement.