Jésus-Christ, parlant à son épouse d’un certain prélat, lui dit que l’âme dévote qui a perdu la chaleur de la méditation et de la sainte dévotion, à raison de sa superbe cupidité, pour les intrigues du monde, recouvrera la divine lumière et amour, en s’humiliant parfaitement à Dieu et au prochain, de sorte qu’il ressentira intimement la divine douceur.
Chapitre 97

Le Fils de Dieu et de la Vierge Marie parle par son épouse à un certain prélat, lui disant : Vous êtes semblable à la roue d’un moulin, qui, tant qu’elle est immobile et demeure ferme , ne brise point le blé. Cette roue signifie fort à propos votre volonté , qui devrait être mobile, non à votre volonté et accomplir vos désirs, mais bien les miens , et vous abandonner totalement en mes mains. Mais cette roue est trop immobile à ses vouloirs, d’autant que, l’eau des désirs de la terre sollicitant par trop votre esprit , la considération de vos œuvres et ma passion sont quasi mortes en votre cœur : C’est pourquoi la viande de l’âme ne vous est point à goût. Et partant, rompez les écluses et les branches qui retiennent l’eau , afin qu’elle coule , fasse rouler la roue et que le blé soit broyé.

La tranchée qui retient l’eau n’est autre que la superbe intérieure de l’esprit et l’ambition insatiable , qui bouchent le courant des grâces du Saint-Esprit, et empêchent tout le bien dont l’âme devrait fructifier . Partant , embrassez la vraie humilité et soumission en votre esprit, car par elles coulera en votre âme la douceur de mon Esprit, et les pensées terrestres s’évanouiront ; par elles, votre volonté aura son mouvement et se rendra parfaite selon mes vouloirs. Lors vous commencerez de porter jugement de vos œuvres et d’avoir une grande estime des miennes.

Or, quelle est la vraie humilité ? Certainement, c’est de ne se soucier aucunement des faveurs humaines et de ce que les hommes disent, marcher par ma voie , qui est oubliée et négligée, ne pas chercher ce qui est superflu et vous conformer aux simples. Si vous aimez cette voie , les choses spirituelles , ma passion et la voie de mes saints , vous seront à goût. Lors vous entendrez combien redevable vous êtes aux âmes que vous gouvernez, attendu que vous êtes monté au plus haut de la roue par deux pieds : par la puissance et par l’honneur ,de sorte que de la puissance prend source votre cupidité, et de l’honneur votre orgueil.

Partant, descendez maintenant , vous humiliant en l’esprit , et suppliez les humbles de prier Dieu pour vous, car je vous enverrai ma justice comme un fleuve rapide et j’exigerai de vous jusques à la dernière maille , et demanderai raison des affections , pensées , paroles et œuvres. Je vous demanderai aussi les âmes que j’ai commises à votre providence et que j’ai rachetées par mon sang.