Je suis votre Dieu et Seigneur, la voix duquel Moïse ouït au désert au buisson,
et Jean au Jourdain.
Dès ce jour, je veux que vous receviez souvent mon corps, car il est le
médicament et la viande qui affermit l’âme : celui qui est infirme d’esprit et
débile en l’exercice de l’esprit, en est guéri et affranchi. N’est-il pas écrit
que le prophète était envoyé à la femme qui le nourrissait d’un peu de farine,
et que la farine ne diminuait point jusqu’à ce que la pluie tombât sur la terre?
Je suis ce prophète en figure, et mon corps est figuré par la farine. Cette
nourriture de l’âme ne se consomme point et ne diminue point, mais nourrit
l’âme, et demeure sans être consommée, car la viande corporelle à trois choses :
1-étant mâchée, elle se rend liquide ;
2-elle s’anéantit ;
3- elle nourrit pour quelque temps ;
mais ma viande est,
1-mâchée quant aux accidents, et n’est point mâchée quant à la Divinité et
humanité ;
2-elle n’est point anéantie, mais elle demeure la même ;
3- elle ne rassasie point pour un temps, mais éternellement.
Cette viande est préfigurée en la manne, que les anciens Pères ont mangée dans
le désert ; elle est cette viande que j’ai promise en mon Évangile, et qui
rassasie éternellement. Donc, le malade croît en force par la viande corporelle
; de même aussi tous ceux qui reçoivent mon corps dignement et avec bonne
intention, croissent en force spirituelle. Elle est ce fort médicament qui,
entrant en l’âme, l’affermit et la rassasie. Ceci est caché aux sens, et la foi
le découvre à l’esprit demis. Cette viande est à dégoût aux méchants et à ceux
qui goûtent les douceurs du monde, à ceux dont les yeux ne voient que cupidité,
dont l’esprit ne discerne ni n’estime que les propres volontés.
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