Il est commandé à sainte Brigitte de recevoir souvent le corps de Notre-Seigneur, figuré par la manne du désert et par la farine dont la veuve rassasia le prophète. Il raconte aussi les grandes vertus, grâces et faveurs qui arrivent à l’âme qui communie comme il faut.
Chapitre 29

Je suis votre Dieu et Seigneur, la voix duquel Moïse ouït au désert au buisson, et Jean au Jourdain.
Dès ce jour, je veux que vous receviez souvent mon corps, car il est le médicament et la viande qui affermit l’âme : celui qui est infirme d’esprit et débile en l’exercice de l’esprit, en est guéri et affranchi. N’est-il pas écrit que le prophète était envoyé à la femme qui le nourrissait d’un peu de farine, et que la farine ne diminuait point jusqu’à ce que la pluie tombât sur la terre?

Je suis ce prophète en figure, et mon corps est figuré par la farine. Cette nourriture de l’âme ne se consomme point et ne diminue point, mais nourrit l’âme, et demeure sans être consommée, car la viande corporelle à trois choses :
1-étant mâchée, elle se rend liquide ; 2-elle s’anéantit ; 3- elle nourrit pour quelque temps ;

mais ma viande est, 1-mâchée quant aux accidents, et n’est point mâchée quant à la Divinité et humanité ; 2-elle n’est point anéantie, mais elle demeure la même ; 3- elle ne rassasie point pour un temps, mais éternellement.

Cette viande est préfigurée en la manne, que les anciens Pères ont mangée dans le désert ; elle est cette viande que j’ai promise en mon Évangile, et qui rassasie éternellement. Donc, le malade croît en force par la viande corporelle ; de même aussi tous ceux qui reçoivent mon corps dignement et avec bonne intention, croissent en force spirituelle. Elle est ce fort médicament qui, entrant en l’âme, l’affermit et la rassasie. Ceci est caché aux sens, et la foi le découvre à l’esprit demis. Cette viande est à dégoût aux méchants et à ceux qui goûtent les douceurs du monde, à ceux dont les yeux ne voient que cupidité, dont l’esprit ne discerne ni n’estime que les propres volontés.