Je suis le Créateur de toutes choses, qui ne suis point créé, mais je suis
l'auteur des créatures. Il y a longtemps que j'ai détourné mes yeux de ce
lieu-ci, à raison de l'iniquité des habitants ; car comme les premiers
fondateurs se hâtaient d'aller de vetu en vertu, de même maintenant ces modernes
vont de mal en pis ; un chacun tâche de perdre l'autre et se glorifie de son
péché. Or, maintenant, les prières de ma Mère très-chère me fléchissent à
miséricorde ; mais il demeure encore quelque racine de cett méchante race, comme
vous l'entendrez mieux par quelque simitude.
Il y avait un pasteur qui dit à son Seigneur, son Dieu : Mon Seigneur, en votre
bercail, il y a peu de brebis, et encore, entre celles-là, il y en a bien peu de
douces. Il y a encore des béliers colères qui troublent les bonnes, tête
desquels n'est utile à rien ; leur peau est corrompue ; leur chair est pourrie,
et leurs intestins sont puants.
Le maître répondit : Que mes brebis douces ne se troublent point ! Je couperai
la tête des béliers avec un couteau tranchant ; je leur ôterai la peau, qui ne
porte point de laine ; la chair (page 198 ) et les intestins seront jetés aux
champs comme pourris et puants, et on les donnera aux oiseaux qui ne savent
discerner ce qui est pur de ce qui est impur.
Je suis le Seigneur qui ai en ce lieu des brebis simples, entre lesquelles il y
a comme des béliers affreux en leurs cornes, qui, déchirant les brebis,
arrachant la laine, et les poussant avec leurs cornes, les jettent à terre : De
même eux, se moquant de la simplicité des innocents, les troublent et les
jettent par terre avec les cornes de la médisance et des mauvaises œuvres.
Partant, leur tête, c'est-à-dire, leur intention, élevée par les cornes de
l'arrogance et de la présomption, leur sera coupée par mon jugement sévère, qui
est un glaive très aigu ; leur peau, c'est-à-dire, leur hypocrisie, de laquelle
ils sont revêtus au lieu de la simplicité religieuse, leur sera ôtée, et pour
l'hypocrisie, le diable déchirera leur âme et les privera de toute sorte de
biens. Aussi ils étaient une chose et en montraient une autre sous un masque
emprunté et dissimulé ; Ils me servaient de bouche et me contrariaient par
œuvres. Leur chair voluptueuse, qui, devant moi, est comme une vilaine femme,
sera brûlée et consommée par le feu sans miséricorde ; leurs intestins,
c'est-à-dire, leurs pensées et leurs affections qu'ils ont au monde et non à
moi, lesquelles affections mes ennemis sont fomentés, et non moi, seront ruinées
par les démons, de sorte qu'il n'y aura point méchante affection pour laquelle
ils ne soient grandement tourmentés.
Partant, pendant qu'il en est temps encore, que leur tête, c'est-à-dire, que
leur volonté déréglée et leur superbe soient changées en humilité d'une peau
simple ; Que la chair soit retenue des voluptés ; que les intestins,
c'est-à-dire, les pensées monstrueuses, soient guéris par la pénitence
salutaire, de peur que je n'exige avec rigueur et justice les peines de leurs
démérites, et que ne les soumette à la puissance de Satan, de sorte qu'ils ne
pourraient faire que ce qui plaira aux diables, et seraient par eux poussés d'un
mal à un autre.
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