La Mère de Dieu parle, disant : Souvenez-vous, ma fille, que quatre fois
j’excusai saint Jérôme discourant de mon assomption. Or, maintenant, je vous
montrerai la vérité de mon assomption.
J’ai vécu longtemps après l’ascension de mon Fils, et Dieu l’a voulu, afin que
les âmes fussent converties à Dieu, ayant vu ma patience invisible et le
règlement de mes mœurs, que mes apôtres et mes élus fussent affermis. Et de fait
aussi, la naturelle disposition de mon corps requérait que je vécusse durement,
afin que ma couronne fût augmentée, car tout le temps que j’ai vécu après
l’ascension de mon Fils, j’ai visité les lieux où il a pâti et où il a manifesté
ses merveilles, aussi sa passion était empreinte dans mon cœur.
Mes sens aussi étaient abstraits et retirés de ce qui est du monde, d’autant que j’étais
incessamment enflammée de nouveaux désirs, et réciproquement exercée par des
douleurs ; mais néanmoins, ma douleur et ma joie étaient si tempérées que je
n’omettais rien de ce qui touchait le service de Dieu. Je conversais aussi parmi
les hommes, et je prenais bien peu de ce qui plaisait aux hommes. Mais d’autant
que mon assomption n’a été connue à plusieurs et prêchée de par Dieu, qui est
mon Fils, il l’a voulu de la sorte, afin que la foi de son ascension fût
enracinée dans les cœurs des hommes, car les hommes étaient endurcis en la
créance de son ascension, combien plus si mon assomption eût été prêchée dès le
commencement!
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