Notre Seigneur donne courage à l'épouse, qui craignait de reprendre fidèlement quelques religieux plongés en des péchés abominables, chez lesquels elle était logée, lui assurant que sa répréhension ne lui serait point imputée à péché, mais à mérite, bien qu'ils s'en scandalisassent et s'en endurcissent.
Chapitre 8

O épouse, vous avez pensé à part vous ce qui suit : Puisque mon Dieu Seigneur de toutes choses, tout-puissant, et a patiemment souffert le traître, pourquoi ne souffrirai-je sa créature, ceux qui demeurent avec moi, de peur que, de mon avertissement et répréhension, ils ne deviennent pires?

Je réponds maintenant à cette pensée, qu'elle était en partie pieuse mais moins fervente, car un bon soldat qui est entre les mauvais, voyant l'offense de son seigneur, s'il ne peut corriger par œuvre la faute, parle pour le moins de la bonté de son maître, et souffre patiemment les contumélies qui résultent de là : de même vous, parlez-leur fidèlement de leurs excès, qui, à raison de la diuturnité des péchés dans lesquels ils croupissent, me sont rendus abominables ; et bien qu'ils s'endurcissent en quelque manière que ce soit, à raison de votre répréhension, il ne vous sera pas imputé à péché, mais bien à plus grande récompense. Car comme les apôtres, qui prêchaient à plusieurs, et tous ne se convertissaient pas, n'étaient pas pour cela privés de la récompense, de même vous en arrivera-t-il, car bien que tous ne vous écoutent point, néanmoins, il y en aura quelques-uns qui seront édifiés par vos paroles et qui seront guéris.

Dites-leur donc que, s'ils ne s'amendent, il viendra promptement et sévèrement à eux, et tous ceux qui l'oiront en gémiront de crainte et d'effroi, et tous ceux qui goûteront ma sévérité, défaudront. Je les jugerai comme des larrons, par des confusions inexprimables devant les anges et tous les saints, et ce, d'autant qu'ils ont reçu l'habit de religion, non pour bien vivre. C'est pourquoi ils sont devant moi comme des larrons qui possèdent les biens qui ne leur appartiennent pas, mais sont à ceux qui vivent bien, et comme défraudateurs, je les jugerai et les condamnerai à mon glaive, qui coupera leurs membres de la tête jusqu aux pieds. Je les remplirai encore d'un feu bouillant qui ne s'éteindra jamais.

Je les en ai avertis, comme un père plein de pitié, et ils n'ont point voulu m'écouter ! Je leur ai montré les paroles de ma bouche plus que jamais je n'avais fait auparavant, et ils m'ont méprisé ! Si j'eusse envoyé mes paroles aux païens, peut-être se fussent-ils convertis et eussent fait pénitence. Partant, je ne leur pardonnerai point, ni ne recevrai point les prières ni celles que ma Mère et mes saints, font pour eux, mais ils seront tout autant dans la peine que je serai dans la gloire qui sera sans fin. Néanmoins, tant que leur âme sera dans leur corps, ma miséricorde leur sera ouverte.