La nuit de la Nativité de Notre-Seigneur, sainte Brigitte fut touchée d’une si
grande et si extraordinaire joie intérieure, qu’à grand’peine elle la pouvait
soutenir ; et soudain elle sentit dans son cœur un grand mouvement si admirable
qu’il semblait qu’elle avait en son corps un petit enfant qui s’émouvait ; et ce
mouvement durant assez longuement, elle le montra à son Père spirituel et à ses
amis spirituels, de peur que ce ne fût quelque illusion, lesquels, ayant vu et
touché, en admirant l’effet.
Le même jour, à la messe, la Mère de Dieu lui apparut et lui dit : Ma fille,
vous admirez le mouvement que vous ressentez en votre cœur : sachez qu ce n’est
point une illusion, mais bien une manifestation aucunement semblable à la joie,
exultation et miséricorde qui me furent faites en ce soir ; car comme vous
ignorez comme une exultation et joie sont arrivées si soudainement à votre cœur,
de la même manière l’arrivée de mon Fils au monde fut soudaine et admirable, car
quand je consentis à l’ange, lorsqu’il m’annonçait la conception du Fils de
Dieu, soudain je sentis en moi quelque chose d’admirable et de vivant, et
naissant de moi, il sortait d’une admirable vitesse, d’une joie indicible, sans
léser le cloître virginal. Partant, ma fille, ne craignez point l’illusion, mais
réjouissez-vous, parce que les mouvements que vous sentez sont les signes de
l’avènement de mon Fils en votre cœur.
Partant, comme mon Fils vous a imposé le nom d’une nouvelle épouse sienne, de même maintenant je vous appelle ma bru, car
comme les pères et mères vieillissants mettent la charge sur la bru et lui
disent tout ce qu’il faut faire en la maison, de même Dieu et moi, comme
vieillis et refroidis ès cœurs des hommes, voulons marquer à nos amis et au
monde par vous notre volonté. Ce mouvement de votre cœur croîtra selon la
capacité de votre cœur.
|