D’une abbesse qui, par la propriété et autres crimes, était pour ses Sœurs un exemple de perdition. |
Chapitre 98 |
Pour les Bénédictins.
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DÉCLARATION |
Cette abbesse, étant morte, apparut à sainte Brigitte un peu blanche, mais comme
enveloppée dans un rets de fer ; sa langue semblait de feu ; ses mains et ses
pieds semblaient de plomb et ses yeux remplis de larmes ; et elle dit à sainte
Brigitte : Vous vous étonnez pourquoi je parais si difforme : telle est la
rétribution de la justice divine. Ma blancheur signifie la virginité de mon
corps, mais le filet de fer marque que je n’ai pas gardé les observances
régulières et le bien de la patience ; car comme aux rets plusieurs anneaux sont
enlacés, de même j’endure plusieurs tourments pour l’omission de tant de bonnes
œuvres que je ne faisais pas, quand j’en avais le temps.
Quant à ce que ma langue paraît de feu, j’en suis digne, d’autant que, contre ma profession, je la lâchais en paroles de vanité et de cajolerie. Mes mains et mes pieds apparaissent de plomb, et à bon droit, d’autant que mes œuvres, qui sont désignées par mes mains qui devaient être éclatantes comme de l’or, sont molles et dissolues comme du plomb. Mes pieds aussi, par lesquels je devais aller donner à mes Sœurs de bons exemples et de saintes conversations, se glissèrent ès façons mondaines, et étaient paresseux à tout bien spirituel. Mes yeux vous apparaissent tout éplorés, et à juste raison, d’autant que je me gardais de pleurer quand je devais laver les crimes de ma vie. Je suis néanmoins en état de miséricorde et en attente d’une bonne espérance, pour les prières qui se font en l’Église par les saints et par le sang de Jésus-Christ. |