D’une révélation concernant l’état d’une reine de Naples.
Chapitre 11

Je suis le Créateur et le Dieu de toutes choses. J’ai donné aux anges et aux hommes le libre arbitre, afin que ceux qui voudraient faire ma volonté demeurassent avec moi éternellement, et que ceux qui contreviendraient fussent séparés de moi. C’est pourquoi quelques anges sont devenus démons par malice, qui ne voulurent ni m’aimer ni m’obéir. Après, ayant créé l’homme, le diable, voyant ma dilection à son égard, non-seulement a été fait mon ennemi, mais a ému contre moi une guerre, excitant Adam à la prévarication de mes préceptes : et lors le diable prévalut, moi le permettant.

Depuis, le diable et moi sommes en discorde et combattons, car je veux que l'homme vive selon mes volontés, et le diable s’efforce de faire que l'homme cherche et suive ses désirs; c’est pourquoi dès que j’ai ouvert le ciel par mon sang, le diable a été privé du droit qu’il semblait avoir, et les âmes dignes ont été sauvées et affranchies de la servitude. Lors aussi une loi a été établie qu’il fût en la volonté de l’homme de me suivre, moi qui suis son Dieu, pour obtenir la couronne éternelle; que s’il voulait suivre les désirs de Satan, qu’il souffrît les supplices éternels.

C’est de la sorte donc que moi et le diable nous combattons, désirant les âmes comme les époux désirent leurs épouses, car je désire les âmes pour leur départir la gloire éternelle, et le diable, pour les assaillir des peines, confusions et douleurs éternelles.

Écoutez ce que cette Reine m’a fait : j’ai permis qu’elle fût exaltée au royaume, etc.

ADDITION
Notre-Seigneur parle, disant : Écrivez qu’est-ce que fait,
1° une pure confession de tout ce qu’on a fait, ayant une ferme volonté de s’amender selon le conseil de son confesseur.
2° Qu’elle pense diligemment en quelle manière elle a versé en son mariage et en son gouvernement, car elle me doit rendre raison de tout.
3° Qu’elle ait la volonté de satisfaire à ceux à qui elle doit, et de restituer ce qu’elle sait être mal acquis, d'autant que l’âme est en danger, tandis qu’elle est détenue, et ne profite rien de donner beaucoup, si on ne paie.

4° Qu’elle ne charge point ses sujets par ses nouvelles inventions, mais que plutôt elle les décharge, car Dieu exauce les gémissements et les cris des misérables.
5° Qu’elle ait des conseillers justes et non cupides, et qu’à tels est le jugement, qui aiment la vérité et qui ne flattent point, qui ne se veulent point enrichir, mais sont contents du nécessaire.
6° Que tous les jours cette reine se souvienne à certain temps des plaies et de la passion de Jésus-Christ, car de là l’amour de Dieu est renouvelé dans nos cœurs.

7° Qu’elle ramasse certain temps les pauvres; qu’elle leur lave les pieds; qu’elle les réfectionne; qu’elle aime ses sujets d’une charité sincère; qu’elle accorde les dissensions, consolant ceux qui sont injustement offensés.
8° Qu’elle distribue ses dons avec discrétion et selon ses moyens, ne chargeant les unes et soulageant les autres, les enrichissant, mais sagement, relevant quelques-uns et n’opprimant personne.

9° Qu’elle ne considère pas plus l’argent des défaillants que la justice, mais qu’ayant pesé la quantité et qualité du délit, là où elle verra plus d’humanité, elle y porte plus de compassion, chassant toute cupidité.
10° Qu’elle mette toute la peine qu’elle pourra, afin que le royaume demeure en paix après sa mort, car je lui prédis qu’elle n’aura point d’enfant de son ventre.
11° Qu’elle soit contente de la couleur et beauté naturelle dont Dieu l’a ornée, car la couleur étrangère déplaît grandement à Dieu.

12° Qu’elle embrasse une plus grande humilité, et qu’elle s’excite à une plus grande contrition de ses péchés, car elle est devant moi la ruine de plusieurs âmes, une prodigue dispensatrice de mes biens, la verge et la tribulation de mes amis.

13° Qu’elle ait la crainte continuelle dans le cœur, car il y a longtemps qu’elle avait plutôt mené la vie d’une prostituée que d’une reine.
14° Qu’elle retranche d’elle les mauvaises coutumes et les femmes adultères d’auprès d’elle, et qu’elle emploie le reste du temps, qui est bien court, à mon service, car jusques à maintenant, elle m’a tenu comme un homme qui ne penses pas à ses péchés. Qu’elle craigne maintenant et qu’elle vive en telle sorte, de peur qu’elle ne ressente la rigueur de mes jugements; autrement, si elle ne m’écoute, je la jugerai, non comme reine, mais comme apostatrice et ingrate, et la ferai fouetter de la tête jusques aux pieds, et elle sera en opprobre à moi, aux anges et aux hommes!

D’ailleurs, écrivez, dit Jésus-Christ, en petits mots ces choses : Le Saint-Esprit vous enflammera. Envoyez par mon évêque à la reine ce que vous voyez. Elle voyait en ses vêtements quelque saleté et ordure; et cette reine était ce singe qui se plaît aux mauvaises odeurs, flairant le derrière puant; et le venin est dans le cœur, y demeure, et elle se jette dans les précipices.

D’ailleurs, il lui semblait que cette reine avait une couronne d’osier toute pleine d’ordures, et qu’elle était assise nue sur une poutre qui allait tomber. Et soudain elle vit une vierge merveilleusement belle qui lui dit : Cette femme opiniâtre et audacieuse, qui semble devant les hommes la maîtresse du monde, devant Dieu est abjecte comme vous voyez. Et la Vierge ajouta, disant : O femme, pensez au commencement et à la fin; ouvrez les yeux de votre esprit, et voyez que vos conseillers haïssent mortellement votre âme.

Elle vit encore une autre reine qui semblait être assise en un siège doré, et deux Éthiopiens étaient devant elle, un à la droite et l’autre à la gauche. Celui qui était à la droite dit : O femme-lionne, je t’apporte le sang : prends-le et épanche-le, car le propre désir d’un lion est d’épandre le sang. Celui qui était à gauche dit : O femme, je t’apporte du feu : prends-le, car ta nature est comme de feu, et jette-le dans l’eau, afin que ta mémoire soit dans l’eau, comme elle a été en terre.

Et après apparut une Vierge d’une beauté incroyable, de la présence de laquelle les Éthiopiens s’enfuirent; elle dit : Cette femme est en danger, si elle est en prospérité; si elle est affligée, cela lui profitera beaucoup pour la vie éternelle; mais elle ne veut pas renoncer à ses volontés ni être affligée selon Dieu. Partant, si on l’abandonne à ses volontés, elle ne sera utile pour elle, ni ne servira de consolation à pas un.

Le Fils de Dieu apparut, disant : Cette femme me fait d’autres plaisirs, et partant, pour l’amour des prières de mes amis, je lui veux montrer de fuir l’opprobre des hommes et les dommages de son âme, si elle obéit; autrement, elle n’évitera point ma justice, d'autant qu’elle n’aura pas voulu ouïr la voix de son père.

La Mère de Dieu parle de M. Gomecé à saint Brigitte, lui disant : Conseillez-lui de faire le droit et l’équité où il pourra. Que s’il sait qu’il ait des choses mal acquises, il ne retarde point de les restituer. Qu’il se donne aussi garde de n’imposer point de nouvelles charges à ses sujets; qu’il soit content de ce qu’il a, car il lui suffit, s’il le dépense avec discrétion et modération. Qu’il fuit aussi les femmes comme le venin, hormis la sienne. Qu’il ne fasse point la guerre à aucun ni n’y assiste point, sinon qu’il sache avoir juste droit et raison de ce faire. Qu’il fréquente les confessions, reçoive plus souvent le corps de Jésus-Christ, et occupe son esprit certains jours à la mémoire de la passion de mon Fils et de ses peines.
Notre-Seigneur parle d’Antoine de Carlette, disant : Dites à la reine qu’il lui permette de demeurer en son rang; que s’il monte plus haut, ce sera au dommage de son âme, et lui ni ses amis ne se réjouiront point de son ascendant. Et toutes choses sont arrivées comme elles avaient été prédites.