L’épouse sainte Brigitte écrit au roi de Cypre et au prince d’Antioche, et lui
donne des conseils :
1° Qu’un chacun fasse avec son confesseur une confession générale de tout ce
qu’il a commis contre la volonté divine, et qu’après il reçoive le corps
précieux de Notre-Seigneur avec crainte et amour.
2° Que vous soyez unis tous deux ensemble au vrai amour, de sorte que vous ne
soyez qu’un cœur en Dieu pour son honneur, pour sa gloire et pour l'utilité de
vos sujets.
3° Que tous deux (1) soyez unis en amour avec vos sujets, pardonnant, pour
l’amour de la passion de Jésus-Christ et de sa mort, à tous ceux qui, de
conseil, d’effet ou faveur, ont été cause ou occasion de la mort de Pierre, roi
et votre père, les recevant tous en votre charité et amour de tout votre cœur,
afin que Dieu vous daigne recevoir en sa miséricorde, et afin qu’il vous veuille
aussi affermir en votre gouvernement pour son honneur et gloire.
4° Que, puisque la divine Providence vous a établis gouverneurs de ce royaume,
vous y apportiez toute la diligence que vous pourrez, à prendre conseil, et à
conseiller efficacement avec une âme fervente de charité, tous les prélats, tant
séculiers que réguliers, que tous leurs sujets se corrigent en toutes les choses
esquelles ils se sont écartés du saint état des Pères, leurs prédécesseurs,
spirituellement ou temporellement, afin de vivre selon le premier état de leurs
prédécesseurs. Qu’ils réforment donc au plus tôt leur état en tout et par tout,
afin qu’eux et leurs sujets, étant vraiment amendés, obtiennent l’amitié de
Dieu, et soient rendus dignes de prier Dieu qu’il daigne, par sa miséricorde,
renouveler l’état de la sainte Église universelle en la sainteté des vertus.
5° Que, pour cette grande charité que Dieu a eue pour vos âmes, vous aimiez
aussi celles de vos sujets, conseillant à votre peuple militaire que, s’il a
offensé en quelque chose, il en fasse soudain pénitence et se corrige, et que
tous ceux qui sont sous l’obéissance de l’Église romaine, qui sont parvenus aux
ans de discrétion, se confessent humblement, se réconcilient avec le prochain
qu’ils ont offensé, et s’accordent, et que s’étant amendés, ils reçoivent le
corps de Jésus-Christ; après, qu’ils mènent une vie catholique, vivent avec
fidélité dans le mariage, ou en veuvage, ou bien en l’état louable de virginité,
observant tout ce que la saint Église commande, y poussant tous les familiers
domestiques, sujets, et tous ceux qu’ils pourront, à en faire de même, tant par
leurs paroles que par leurs bons exemples, et par les œuvres de charité, les
induisant à en faire et les affermissant en leurs saintes entreprises; et sachez
pour certain que tous ceux qui ont voulu obéir au corps, souffriront le dommage
en leur âme.
(1) Éléonor, reine de Cypre, et son fils, aussi roi de Cypre.
6° Que vous disiez à tous les prélats qu’ils avertissent efficacement et souvent
leurs prêtres, savoir, les recteurs des églises; que chacun regarde si, en la
paroisse, il y a quelqu'un qui persiste en quelques péchés publics, en l’offense
de Dieu et au mépris de la sainte Église; et ceux qu’il trouvera vivre
impudemment en ces péchés publics, qu’il les avertisse efficacement du danger de
leur âme, et leur enseigne les manières et les remèdes spirituels par lesquels
ils puissent s’en retirer et humblement s’amender. Or, s’ils ne veulent obéir,
mais désirent vivre en leurs péchés publics, que les recteurs des paroisses ne
manquent pas de les dénoncer aux supérieurs et aux évêques, afin que
l’opiniâtreté de ces gens-là soit punie par les évêques, sans avoir égard à leur
puissance temporelle, et Dieu vous commande de prêter main forte aux évêques
pour cet effet, afin que, par votre secours et faveur, les susdits pécheurs
soient corrigés et amendés, et qu’ils obtiennent la miséricorde de Dieu.
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