Jésus-Christ, le souverain Empereur , montre aux roi par son épouse qu’il est le vrai Créateur de Roi, régnant en la Trinité et unité, et de l’ordre du monde.
Livre 8 - Chapitre 1

Je vis un palais d’une grandeur incompréhensible, semblable au ciel quand il est serein, dans lequel il y avait un nombre innombrable de personnes assises en des siéges , revêtues de blanc , resplendissantes comme des rayons du soleil. Je vis en ce palais un trône admirable sur lequel était assis comme un homme plus reluisant que le soleil, d’un éclat et d’une beauté incomparables, et Seigneur d’une puissance démesurée, la splendeur duquel était incompréhensible en longueur , profondeur et largeur. Or, une Vierge était auprès du siège du trône, reluisant d’un éclat admirable, ayant en sa tête une couronne précieuse. Et tous ceux qui assistaient auprès du trône , le louaient en hymnes et canti-ques, et honoraient cette Vierge comme Reine du ciel.

Celui donc qui était assis sur le trône me dit d’une amoureuse voix : Je suis le Créateur du ciel et de la terre. Je suis un avec le Père et le Saint-Esprit, non certes trois dieux, mais bien trois personnes en Dieu. Vous me pourriez demander maintenant : S’il y a trois personnes , pourquoi n’y a t-il pas trois dieux ? Je vous réponds que Dieu est la puissance , la sapience et la bonté même, duquel est toute puissance dessus et dessous le ciel , toute sapience et toute piété qu’on peut penser ; c’est pourquoi Dieu est un et trine , trine en personnes et un en nature , car le Père est la puissance et la sapience, duquel toutes choses sont, qui est puissant avant toutes choses, non d’ailleurs , mais de lui-même de toute éternité.

Le Fils est aussi la puissance et la sapience, égal au Père , non puissant d’être engendré de soi-même , mais puis-samment et d’une manière ineffable engendré du Père , principe du principe d’origine , non jamais séparé du Père. Le Saint-Esprit est puissance , et sapience est aussi le Saint-Esprit, procédant du Père et du Fils, comme d’un principe éternel avec le Père et le Fils , égal en majesté et en puissance.

Il y a donc un Dieu en trois personnes, d’autant que les trois personnes n’ont qu’une même nature , une opération et volonté, une gloire et puissance. Il est tellement un en essence que les trois personnes sont distinctes en propriété, car tout le Père est dans le Fils , et le Saint-Esprit et le Fils sont dans le Père, et le Saint-Esprit est en tous deux en une Déité de nature , non pas comme ce qui est devant ou après , mais ce qui est ineffable , sans priorité ni postérité , majorité ni minorité , mais tout ineffable et égal ; c’est pourquoi il est très-bien écrit que Dieu est admirable et grandement louable.

Dieu a envoyé son Verbe à la Sainte Vierge par l’ange Gabriel ; néanmoins Dieu était envoyant et envoyé avec l’ange ; il était en Gabriel, et avant Gabriel en la Sainte Vierge. Mais la parole étant dite par l’ange , le Verbe a été fait chair en la Vierge. Je suis ce Verbe qui parle à vous. Mon Père m’a envoyé au ventre de la Sainte Vierge , non pas en telle sorte que les anges ont été privés de ma vision et de la présence de ma Divinité , mais moi, Fils, qui étais avec le Père et le Saint-Esprit, étant au ventre de la Vierge, J’étais le même au ciel avec le Père et le Saint-Esprit en la vision des anges, gouvernant toutes choses et soutenant toutes choses , bien que l’humanité que j’avais revêtue demeurât au ventre de la Sainte Vierge.

Je suis donc un Dieu en la Déité et en l’humanité, pour manifester mon amour et affermir la sainte foi. Je ne dédaigne point de parler à vous ; et bien que mon humanité semble être auprès de vous et parler à vous, il est pourtant plus véritable que votre âme , votre intelligence est ravie en moi et est en moi, car rien ne m’est impossible ; rien ne m’est difficile au ciel ni en la terre. Et de fait ; je suis comme un puissant roi qui, venant à une cité avec son armée, remplit tous les lieux et occupe tout : de même ma grâce remplit tous vos membres et les fortifie tous. Je suis enfin en vous et hors de vous , et bien que je parle à vous , je suis le même en la gloire.

Qu’est-ce qui me serait difficile, à moi qui soutiens toutes choses et les dispose par ma sapience et les surpasse toutes par ma vertu ? Je suis donc un Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, un Dieu sans commencement et sans fin, qui, pour le salut des hommes ( ma Déité étant sans vision), ai enduré la mort, suis ressuscité et monté au ciel en mon humanité , en laquelle je vous parle.

Je suis le vrai et souverain Empereur et Seigneur. Nul seigneur n’est plus excellent que moi. Il n’y en a eu auparavant et il n’y en aura après , mais tout domaine est à moi et par moi. Partant, je suis vrai seigneur, et autre ne peut être dit vrai seigneur que moi seul, car de moi sont toute puissance et domination , et pas un ne peut résister à ma puissance.

Je suis aussi le Roi de couronne. Savez-vous, mon épouse, pourquoi je dis Roi de couronne ? C’est parce que ma Divinité est sans principe et sans fin. Cette Divinité est comparée à bon droit à une couronne , d’autant qu’elle est sans commencement et sans fin. Or , comme au royaume , on réserve la couronne au roi futur , de même ma Déité était réservée à mon humanité, afin qu’elle en fût couronnée. Or , j’ai eu deux très-bons serviteurs , l’un desquels était laïque et l’autre prêtre. Le prêtre était saint Pierre l’apôtre, ayant la charge du clergé ; l’autre était saint Paul comme laïque. Saint Pierre fut lié au mariage, voyant que le mariage et l’office de prêtrise ne pouvaient convenir ensemble, et voyant que la rectitude de l’esprit périclitait en l’incontinence , il se sépara de sa femme quand à l’usage charnel, et s’unit à moi d’un esprit pur et parfait. Or , saint Paul garda la chasteté et se conserva pur du lit nuptial.

Quelle charité ai-je fait et manifesté à ces deux ! car à Pierre j’ai donné les clefs du ciel , et lui ai dit que tout ce qu’il lierait en terre serait lié au ciel, et que tout ce qu’il délierait serait délié. J’ai donné à Paul qu’il fût semblable en gloire et en honneur à saint Pierre ; et partant, sachez que comme ils ont été égaux en terre et unis, ils sont aussi au ciel unis en gloire éternelle. Mais bien que je n’en aie nommé que ces deux, néanmoins j’entend tous en eux , et avec eux les autres pontifes et les rois qui sont mes amis ; car comme jadis en la loi je parlais au seul Israël comme à un homme , et néanmoins je désignais tout le peuple , de même maintenant, en ces deux j’entends plusieurs , lesquels je remplis de ma gloire et de mon amour. Or , par succession de temps , les maux commencèrent à ce multiplier , et la chair à se rendre infirme et à pencher au mal plus quelle n’avait accoutumé.

Partant, quand à l’un et l’autre état ecclésiastique et séculier que j’entend en Pierre et Paul , j’ai miséricordieusement permis aux ecclésiastiques d’avoir modérément des biens de l’église pour l’utilité de leurs corps, afin qu’ils en fussent plus fervents et plus fréquents à mon service. Il m’a aussi plu que les laïques vécussent honnêtement en leur mariage, selon les coutumes de la sainte Eglise.