De l’équipage que les rois doivent amener contre les Turcs.
Chapitre 43

Le Fils de Dieu parle à son épouse : Il faut que le roi qui cherche le lucre des âmes et qui veut assaillir les païens , ait deux drapeaux : qu’au premier soit décrite et peinte la passion, qui marque la miséricorde , au second , le glaive de ma justice. Donc , que le roi venant contre les païens élève le premier drapeau de miséricorde , offrant la paix à ceux qui la voudront recevoir, et qu’il érige l’autre drapeau à ceux qui la refuseront ; et se confiant en ma bonté, il ne doit craindre la multitude des ennemis ni se retirer par pusillanimité, et n’écouter point la voix de ceux qui disent : Retirez-vous , il ne faut plus combattre.

Que si le roi n’est constant à poursuivre , qu’il ne l’attente point et qu’il ne commence ce bien, car il est meilleur de ne pas commencer les choses ardues que de ne les poursuivre , les ayant prises avec charité. Que le roi prenne aussi avec lui des pr-êtres d’une bonne vie et des religieux de divers ordres qui mépris-ent vraiment le monde : il y en a plusieurs, dans le paganisme et entre les païens, qui préfèrent leur secte à toute autre chose, auxquels il faut répondre fort sagement. Que les prêtres aussi instruisent le peuple et l’avertissent qu’à raison de ses cupidités insatiables, il n’encoure l’anathème, et qu’il ne meure à raison du murmure et de l’incontinence.