La Sainte Vierge Marie parle, disant : En la milice du Roi des anges, il y a
trois choses :
1- abondance sans diminution ;
2- la stabilité n’est jamais renversée ;
3- ce qui est luisant n’est jamais noirci.
De même il faut qu’au corps il y ait trois choses, et trois en l’âme :
la première, qui abonde et ne diminue jamais en l’âme, c’est le don du St-Esprit
qui est donné à l’âme ;
la deuxième : elle doit être stable ès bonnes œuvres et ne les renverser point
par une mauvaise volonté ;
la troisième doit être reluisante en beauté et progrès des bonnes œuvres, afin
qu’elles ne soient offusquées par la couleur d’une méchante affection ou
concupiscence.
Au corps aussi doivent être trois choses : 1- la réflexion ; 2- le labeur ; 3-
la défense et abstinence des voluptés charnelles.
Partant, en premier lieu, le sommeil, les veilles et la réflexion doivent être
pris avec tempérance, afin que le corps puisse continuer le service de Dieu ; en
deuxième lieu, persister au travail avec discrétion ; en troisième lieu, être
joyeux et content dans le service de Dieu, et repousser toutes les volontés
dépravées dont l’âme est illuminée ; et d’autant que mon ami a lié ses mains par
le vœu afin que le corps n’avance sur l’âme, moi, qui suis Reine du ciel et qui
suis très-aimée et très-proche de mon Fils, je l’exempte de son vœu, d’autant
que mon Fils le veut ainsi. Je suis celle de laquelle il a commencé sa
prédication. Je vous précède par mes prières comme l’astre le soleil, quand je
suis mon Fils en gouvernant.
Partant, je lui promets de donner à son corps comme il est convenable à la
nature, et partant, je veux qu’il mange de la viande les jours de viande, et du
poisson le jour de poisson ; et d’ailleurs, je lui donne trois choses :1- la
forme ès bonnes œuvres ; 2- la sapience abondante en son âme ; 3- la force plus
grande à proférer les paroles divines avec plus grand zèle. D’abondant, la
crainte qu’il a à manger de la viande, je la lui changerai en bien et mérite, de
sorte que les viandes qu’il doit prendre lui profiteront pour la force
corporelle et spirituelle, de sorte que l’âme fondra d’amour.
Après, le Fils, apparaissant, dit : L’office des apôtres lui est enjoint, c’est
pourquoi je lui permets d’user des viandes des apôtres ; certainement les
apôtres mangeaient tout ce qu’on leur donnait. De même doit-il faire quant à la
réfection du corps, car je l’envoie, non aux Gentils comme mes autres amis, mais
aux mauvais chrétiens ; car comme l’épouse qui s’est retirée contemptiblement de
son époux, est plus difficilement réunie avec lui que celle qui n’a point goûté
la volupté, de même il est plus difficile que les mauvais chrétiens retournent à
Dieu, que ceux qui n’ont jamais goûté les paroles de Dieu et la bonté de sa
douceur. Partant, puisqu’il est mon ami et que je l’aime intimement, je lui
impose la charge la plus pesante. Néanmoins, quand il aura fait tous ces
efforts, tout lui sera rendu plus facile. Qu’il soit donc disposé à aller
prêcher ès cœurs fertiles, qui apporteront un grand fruit, qui sont la terre de
mon Église, laquelle. Etant cultivée par les sages, apportera un grand fruit.
Qu’il marche donc assurément : je serai dans sa bouche et dans son cœur.
|