Paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ à son épouse, touchant la doctrine de l'amour, et de l'humeur de l'épouse envers son époux. De la haine des méchants contre Dieu et de la direction du monde.
Livre 1 - Chapitre 3

Je suis votre Dieu et le Seigneur que vous honorez. Je suis celui qui, par sa puissance, soutient le ciel et la terre, et qui n'est soutenu par aucun appui ni par aucune colonne. Je suis celui qui, sous les espèces du pain et du vin, vrai Dieu et vrai homme, est offert en sacrifice tous les jours.

Je suis le même qui vous ai choisie. Honorez mon Père ; aimez-moi ; obéissez à mon Esprit ; déférez à ma Mère un grand honneur comme à votre Dame. Honorez tous mes saints ; gardez la foi droite que vous enseignera celui qui a éprouvé en soi le conflit de la vérité et de la fausseté, et qui a vaincu par mon secours. Gardez mon humilité vraie. Quelle est l'humilité vraie, si ce n'est se manifester tel qu'on est, et louer Dieu des biens qu'il nous a donnés ?

Mais maintenant, nombreux sont ceux qui me haïssent et donnent à mes oeuvres et mes paroles réputation de douleur et de vanité, et ils embrassent et aiment l'adultère, le diable ; car tout ce qu'ils font pour moi, ils le font avec murmure et amertume, et ils ne confesseraient pas mon nom s'ils étaient confondus par la crainte des hommes.
Or, ils aiment si sincèrement le monde que le labeur et les peines qu'il leur donne ne les lassent jamais, et qu'ils sont toujours plus fervents en son amour. Leur service ne me plaît pas plus que si quelqu'un donnait de l'argent à son ennemi pour faire tuer son propre fils.

Ceux-ci font la même chose, car ils donnent une petite aumône, et m'honorent seulement de leurs lèvres, afin que la prospérité mondaine leur soit favorable, et qu'ils jouissent des honneurs et des voluptés. De là vient que leur esprit est mort, pour cause de profit, à l'avancement du vrai bien. Or, si vous voulez m'aimer de tout votre coeur et ne désirer rien que moi, je vous attirerai à moi par la charité, comme l'aimant attire le fer ; et je vous placerai en la force de mon bras, qui est si puissant qu'aucun ne peut l'étendre, si ferme que quand il est étendu, aucun ne peut le plier ni courber ; il est encore si doux qu'il surpasse toutes les senteurs aromatiques, et n'entre en comparaison avec aucune des délectations du monde ; parce qu'il les surpasse toutes.