Le Fils de Dieu parle et dit qu’on peut connaître la bonté de l’eau d’une
fontaine par trois choses : la première à la couleur ; la deuxième , si elle
boueuse ; la troisième , si elle est sans mouvement , recevant et ne rejetant
pas les saletés qui arrivent . Par ces eaux j’entends les mœurs et les cœurs des
prêtres , qui doivent être doux en la suavité des mœurs , comme de douces
fontaines à boire , clos et fermés contre la bourbe des vices.
La propre couleur donc d’un prêtre est la vraie humilité , et il doit d’autant
plus s’humilier en sa connaissance et en ses œuvres , qu’il se voit obligé de
travailler pour Dieu ; car là où la superbe
règne , la couleur du diable se trouve , laquelle , puisant de l’eau de la
fontaine avec une main lépreuse , rend quasi aux regardants les eaux
abominables . Ainsi la superbe fait voir les œuvres des prêtres toutes
souillées.
Or , l’eau est lors bourbeuse, quand le prêtre se laisse emporter à
ses cupidités , et ne se contente des choses nécessaires , qui , comme il est
fâcheux à soi-même et inutile, de même nuit aux autres par l’exemple de son
ambition et de sa cupidité . Troisièmement , l’eau est immonde , quand elle
reçoit les ordures et ne les jette pas ; et cela provient de ce que le canal est
fermé et n’a pas son mouvement libre : de même le prêtre est immonde , qui aime
dans son cœur et dans son corps les voluptés de la chair , et ne pousse pas
dehors par une vraie condition tout ce qui se présente à lui d’immonde ; car
comme les taches qui sont au corps rendent le corps difforme , mais surtout
quand elles sont à la face , de même l’impureté et l’immondicité doivent être
odieuses à tous , mais principalement à ceux qui sont appelés à une vie plus
excellente.
Donc , il faut choisir ces prêtres pour mes œuvres , qui ne sont pas abondants à
une pompe de paroles , mais en l’humilité et pureté , avec lesquelles ils vivent
en eux-mêmes , et enseignent les autres par paroles et par exemple ; car bien
que la main soit lépreuse , elle est pourtant utile pour l’exécution de mes
œuvres , pourvu que l’esprit soit bon et que cette main soit spirituelle.
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