La Mère de Dieu révèle où demeurèrent les âmes que Jésus-Christ affranchit de l’enfer, et les corps qui ressuscitèrent à sa mort, etc.
Chapitre 94

La Mère de Dieu dit : Mon Fils ressuscita un tel jour qu’aujourd’hui, fort comme un lion, car il brisa la puissance du diable, et affranchit les âmes de ses élus, qui montèrent avec lui aux joies célestes. Mais vous pourriez demander où étaient ces âmes (1) qu’il avait délivrées de l’enfer jusqu’à ce qu’il monta au ciel.

Elles étaient, dit la Sainte Vierge, en un lieu connu de mon Fils, car là étaient la joie et la gloire, comme il dit au larron : Vous serez aujourd’hui en paradis avec moi. Plusieurs saints aussi ressuscitèrent en Jérusalem, lesquels nous avons vu, et les âmes desquels montèrent au ciel avec mon Fils ; mais leurs corps attendent encore avec les autres le jugement et la résurrection. Mais quant à moi, qui suis Mère de Dieu, étant plongée en la douleur après sa mort, mon Fils m’apparut avant qu’aux autres, et se montra sensiblement à moi, me consolant et me disant qu’il monterait visiblement avec moi dans le ciel. Et bien que cela ne soit écrit par mon humilité, néanmoins cela est véritable que mon Fils apparut à moi la première. Or, d’autant que mon Fils m’a consolée un jour comme celui-ci, je veux aussi diminuer vos tentations et vous enseigner le moyen d’y résister.

(1) Saint Thomas dit qu’elles étaient dans les limbes pleines d’éclats. ( 3. p. q. 52. a. 4.)

Vous admirez pourquoi croissent en la vieillesse les tentations que vous n’avez eues ni en la jeunesse ni dans le mariage. Je vous réponds que cela se fait, afin que vous sachiez que vous n’êtes rien et que vous ne pouvez rien sans mon Fils ; et si mon Fils ne vous avait gardée, il n’y a péché dans lequel vous ne fussiez plongée.

Partant, je vous donne trois remèdes contre vos tentations : quand vous êtes assaillie des tentations sales, dites : Jésus, Fils de Dieu, qui connaissez toutes choses, aidez-moi, afin que je ne me délecte en la vanité de ces pensées. Quand vous êtes tentée de parler, dites : Jésus, Fils de Dieu, qui vous êtes tu devant le juge, tenez ma langue jusqu’à ce que j’aie pensé ce que je dois dire et comment. Quand vous vous plaisez à faire quelque œuvre, manger ou reposer, dites : Jésus, Fils de Dieu, qui avez été lié, gouvernez mes mains, tous mes membres et mes œuvres, afin qu’elles tendent à une bonne fin : cela vous sera en signe de ce que je dis, que désormais votre corps ne prévaudra point sur votre esprit.

ADDITION
Sainte Brigitte fut tentée en son oraison. La Sainte Vierge Marie lui dit : Le diable est comme un explorateur envieux cherchant sujet d’accuser et d’empêcher les bons, afin qu’ils ne soient exaucés en leurs oraisons. Partant, quoique vous soyez assaillie en l’oraison de quelque tentation que ce soit, ne désistez point, et efforcez-vous de mieux faire, car cet effort et ce désir seront réputés devant Dieu pour l’effet de l’oraison ; et si vous ne pouvez rejeter les pen sées sales, l’effort vous sera des couronnes, pourvu que vous n’y consentiez et qu’elles soient contre votre volonté.