La Mère de Dieu dit : Mon Fils ressuscita un tel jour qu’aujourd’hui, fort comme
un lion, car il brisa la puissance du diable, et affranchit les âmes de ses
élus, qui montèrent avec lui aux joies célestes. Mais vous pourriez demander où
étaient ces âmes (1) qu’il avait délivrées de l’enfer jusqu’à ce qu’il monta au
ciel.
Elles étaient, dit la Sainte Vierge, en un lieu connu de mon Fils, car là
étaient la joie et la gloire, comme il dit au larron : Vous serez aujourd’hui en
paradis avec moi. Plusieurs saints aussi ressuscitèrent en Jérusalem, lesquels
nous avons vu, et les âmes desquels montèrent au ciel avec mon Fils ; mais leurs
corps attendent encore avec les autres le jugement et la résurrection. Mais
quant à moi, qui suis Mère de Dieu, étant plongée en la douleur après sa mort,
mon Fils m’apparut avant qu’aux autres, et se montra sensiblement à moi, me
consolant et me disant qu’il monterait visiblement avec moi dans le ciel. Et
bien que cela ne soit écrit par mon humilité, néanmoins cela est véritable que
mon Fils apparut à moi la première. Or, d’autant que mon Fils m’a consolée un
jour comme celui-ci, je veux aussi diminuer vos tentations et vous enseigner le
moyen d’y résister.
(1) Saint Thomas dit qu’elles étaient dans les limbes pleines d’éclats. ( 3. p.
q. 52. a. 4.)
Vous admirez pourquoi croissent en la vieillesse les tentations que vous n’avez
eues ni en la jeunesse ni dans le mariage. Je vous réponds que cela se fait,
afin que vous sachiez que vous n’êtes rien et que vous ne pouvez rien sans mon
Fils ; et si mon Fils ne vous avait gardée, il n’y a péché dans lequel vous ne
fussiez plongée.
Partant, je vous donne trois remèdes contre vos tentations : quand vous êtes
assaillie des tentations sales, dites : Jésus, Fils de Dieu, qui connaissez
toutes choses, aidez-moi, afin que je ne me délecte en la vanité de ces pensées.
Quand vous êtes tentée de parler, dites : Jésus, Fils de Dieu, qui vous êtes tu
devant le juge, tenez ma langue jusqu’à ce que j’aie pensé ce que je dois dire
et comment. Quand vous vous plaisez à faire quelque œuvre, manger ou reposer,
dites : Jésus, Fils de Dieu, qui avez été lié, gouvernez mes mains, tous mes
membres et mes œuvres, afin qu’elles tendent à une bonne fin : cela vous sera en
signe de ce que je dis, que désormais votre corps ne prévaudra point sur votre
esprit.
|