Notre-Seigneur Jésus-Christ parle : L’Ecriture sainte dit que Moïse priant pour
son peuple, Aaron et ses compagnons lui soutenaient les mains , de peur qu’elles
ne fussent affaiblies en leur continuelle extension. Mais pourquoi cela ? Dieu,
qui avait donné la grâce de prier, ne pouvait-il pas affermir ses mains ? Il le
pouvait certainement : mais cela marquait que ceux qui ont quitté tout le monde
s’unissent à Dieu , d’autant que la nature humaine, étant infirme, a besoin de
soutien. Partant, afin que les amis de Dieu puissent subsister et qu’ils ne
soient ternis par les choses temporelles, après leur contemplation , les aides
extérieures leur sont permises, afin qu’avec plus de force ils s’élèvent aux
choses divines.
Partant, que quatre bons hommes, dignes de foi , de bonne vie et
d’âge, soient choisis officiaux , qui distribuent les aumônes et vêtements aux
pauvres ; qui soient disposés à écouter les Sœurs et les Frères et leur rendre
réponse ; qui puissent parler aux seigneurs temporels pour les affaires du
monastère, servir le monastère et supporter les charges de l’abbesse ; et afin
que les susdits Frères fassent cela avec plus de fidélité, ils doivent vivre du
monastère et être participants de tous les biens spirituels qui se font au
monastère. Ils doivent aussi vivre en continence et célibat, et porter une croix
rouge sur leurs vêtements auprès du cœur , en signe et marque de la familiarité
de l’amour divin, et promettre l’obéissance ès mains de l’abbesse ou du
confesseur. Que s’ils commettent quelque chose d’énorme et de détestable par
quoi l’ordre fût diffamé et l’état du monastère dénigré, on les resserrerait
dans les prisons du monastère ; ou si le confesseur ne peut les corriger, qu’il
demande conseil et aide à l’évêque , gardant en tout l’institution de la sainte
règle.
Que le confesseur regarde comment ils jeûnent et à quelles heures ils sont
réfectionnés et observent le silence ; comment ils dorment , et comment , pour
les affaires , ils sortent du monastère pour parler aux grands du monde.
Qu’il pourvoie aussi à ce que leur habit soit honnête ; qu’il règle les heures
où ils doivent demeurer dans l’église et où ils doivent recevoir le corps de
Jésus-Christ.
Qu’on établisse aussi un lieu où ils puissent dormir, manger, et qu’ils aient un
cimetière particulier. De ces quatre qui porteront la croix rouge , un ou deux
pourront être prêtre , en telle sorte néanmoins qu’ils obéissent à l’abbesse et
au confesseur. Si quelqu’un de quelque métier se voulait assujettir à la règle ,
qu’il jouisse des mêmes privilèges et soit sujet aux mêmes lois et institutions
, excepté qu’il ne portera point la croix. Qu’un de ces quatre soit maître de
tous ceux qui sont de quelque métier, qui les instruira, les dirigera selon le
commandement et le conseil de l’abbesse et du confesseur , en ce qui est des
choses spirituelles.
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