Notre-Seigneur enseigne à son épouse le moyen de faire la paix entre le roi de France et le roi d'Angleterre. Que si ces rois n'obéissent point, ils seront grièvement punis.
Chapitre 105

Le Fils du Père Eternel dit : Je suis un roi formidable et honorable. J"enverrai mes paroles à ces deux rois, en considération de ma Mère (1). Je suis la paix. et où je suis, là certainement est la paix. Si donc ces deux rois de France et d'Angleterre veulent avoir la paix, je leur en donnerai une qui sera éternelle. Mais ils ne pourront avoir une vraie paix, si ce n'est qu'on aime la vérité et la justice, et d'autant que l'un de ces rois a de son cote la justice, il me plait qu'il fasse la paix par un mariage, et de la sorte, le royaume pourra parvenir au légitime héritier.

En second lieu, je veux qu'ils soient un même cœur et une même âme, unis ensemble pour amplifier et étendre la foi sainte et chrétienne, où commodément il se pourra faire pour mon honneur et ma gloire. En troisième lieu, qu'ils ôtent les exactions intolérables et les inventions trompeuses, et qu'ils aiment les âmes de leurs sujets.

Que si le roi qui tient maintenant le royaume ne veut obéir, qu'il soit certain qu'il ne prospérera point en ses actions, mais qu'il finira sa vie avec douleur, et laissera son royaume et ses enfants en tribulations et angoisses; tout son sang viendra en telle fureur, opprobre et confusion, que tous s'en étonneront.

(1) Cette guerre fut l'an 1336, entre le roi de France, Philippe-de-Valois, et Edouard, roi d'Angleterre. Ce roi croyait faussement que le royaume de France lui appartenait.

Que si ce roi qui a droit veut obéir, je l'aiderai et bataillerai avec lui pour lui; que s'il n'obéit point, il ne parviendra pas aussi à l'exécution et accomplissement de ses désirs, mais il en sera frustre, et l'issue funèbre et douloureuse obscurcira son entrée joyeuse. Mais en vérité, quand les Français s'humilieront vraiment, le royaume parviendra au vrai héritier et en bonne paix.